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7 février 2011 1 07 /02 /février /2011 22:19

toujours vivant. pour se punir. car il était si simple d'en finir. tellement d'occasions. mais non, lutter, rester à respirer ici, car il était si simple de rejoindre son fils, qu'il avait porté dans ses bras, tout de sang, d'une belle couleur si rouge, que les traces partout, à suivre si simplement. à courir vers le médecin, encore des éclats de verre dans les mains, encore des bouts de l'autre, là, dans son combat à exploser tous autour. et puis pas assez vite, alors le médecin, trop tard, pas possible, alors voir le corps là, qui ne bouge plus, un bout d'enfer et de fer sur cette terre. alors vivre, encore et toujours, à en crever, respirer tous les jours pour vivre l'enfer encore et encore. aller dans le métro, suivre les gars bizarres, rester près des paquets abandonnés, dans l'espoir que lui aussi, dans la fumée brutale, dans les cris tout autour s'envoler par les bouches d'évacuations. mais non, jamais, et toujours ces voix en lui qui lui gueulent de continuer, comme une rédemption. faire de la terre le plus bel enfer qui soit.

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7 février 2011 1 07 /02 /février /2011 22:10

il était resté en vie, à en crever, pour qu'il lui pardonne. car il savait qu'elle mourrait de remords. seul lui pouvait la sauver, en venant près d'elle, en la regardant en face, et en prononçant les mots qui guérissent : "je te pardonne". je suis là, vivant devant toi, j'ai parcouru des milliers de kilomètres, j'ai enduré le froid, les chiens, les loups, la faim, le désert, les plus hautes montagnes, pour te délivrer ce simple message de pardon, pour que tu vives désormais en paix, pour extraire cette épine, au fond de toi, si puissante et si forte qu'on ne voit plus qu'elle, qui te dévore et me torture. alors je m'agenouille, je baisse la tête, maintenant si près de tes pieds meurtris, au sang si chaud, je respire doucement et répète encore et encore : "je te pardonne pour le mal que tu m'as fait", "je te pardonne de n'être qu'une simple femme", "je te pardonne parce que je sais moi aussi n'être qu'un simple homme", "je te pardonne pour me pardonner", "je me pardonne". et, alors que je m'allongeais pour ne plus me relever, j'ai senti sur mon front ta main si douce me caresser les cheveux, j'ai senti ton souffle près de moi, j'ai senti ton corps le long du mien, et tes bras qui flottaient tout autour, à soulever mon corps si haut, à la force du pardon si puissant, comme un souffle de vie revenu, et la haine au fond de la terre qui partait, et nos corps désormais au ciel, portés de pardons réciproques...

 

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7 février 2011 1 07 /02 /février /2011 21:51

j'étais venu, si près d'elle, à la toucher, à la voir, en face de moi, toute en respiration, toute en regard attentif. et puis rien. le grand vide. si profond qu'il n'en voyait plus la source, plus les échos... les yeux disparaissaient, d'ailleurs il ne connaissait plus son visage, là au milieu de la foule, au milieu du groupe, au milieu de tous qu'il ne connaissait pas... elle, non pas elle, pas possible. alors on passe, et rien. une autre comme une absence de vie, à croire qu'il est des êtres physiquement là, mais en transparence profonde, à croire que lui même, toujours par ici, en croyance de laisser trace, qui n'abandonne rien qu'un déplacement d'air, un petit remous qui vous caresse les joues... un être passe, anonyme, une vie passe, sans laisser de trace, et le monde n'a pas changé, et rien alentour n'a bougé. 

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7 février 2011 1 07 /02 /février /2011 21:30

il les caressait toutes. les unes après les autres. des photos, par milliers. par millions. des tas de femmes, à la pelles, à ne plus savoir où regarder... alors qu'il ne cherchait que la femme. la seule, l'unique, qu'il avait connu si petit, si minuscule qu'elle le soulevait si haut, au dessus des cimes, à voler au delà des regards, au delà des neiges noires... oh oui, il neigeait en ce temps là, presque tout les jours, et si froid, et si dur, que partout il cherchait ses bras, toujours chauds, son visage, toujours de lumière, toujours si loin, à appeler, et elle ne venait pas, alors dans la neige, bien au dessus des cimes du désespoir, à voler si haut près du soleil noir, dans l'attente éternelle des nuages de plomb... mais pas de bruit, le grand silence, et il guettait pour savoir si elle allait venir, mais quand... et le soleil lui brûlait la peau, le carbonisait, de noir, de suie. et quand elle venait, si tard, il avait disparu, seul un petit nuage de cendre au dessus du lit en suspension...

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7 février 2011 1 07 /02 /février /2011 21:22

il faut tirer un trait sur le passé. sur soi donc. un gros trait avec un gros feutre, pour dire que le passé n'est plus là, que tout neuf on est. que darwin s'est trompé. non, nous ne sommes pas le fruit de l'évolution, mais une génération spontanée. y avait rien avant. surtout rien. on est né comme ça, de nulle part, et surtout pas d'amour, surtout pas de rencontre entre l'un et l'autre. car ça dure pas. ça crève comme un chien sur les coté de la route. alors, pour ne pas voir le chien, sa gueule ouverte, les yeux révulsé, on ne regarde pas derrière, on dit que rien n'existe. et puis on regarde devant, toujours, car si la tête se retourne, on sait bien, c'est le retour en enfer, on est coincé. toujours devant, avec un grand col autour du cou pour ne pas pouvoir jamais voir en arrière...

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29 janvier 2011 6 29 /01 /janvier /2011 22:29

le maître des larmes. c'est ainsi qu'il s'appelait parfois... à savoir pleurer en toute circonstances, en tout lieu, et l'instant d'après, brutalement, afficher un sourire de façade pour ne rien laisser paraître, à faire croire aux autres que tout va bien, que la vie est belle, juste les yeux un peu rougis, mais c'est la fatigue bien sur, le boulot. dans les cinémas, à coté d'amis, dans le train, même avec un enfant dans les bras... un art en fait, à trouver le bon angle pour la tête, à étaler ces larmes le long de ses joues, à maîtriser les soubresauts de son corps... c'étaient parfois des phrases, des images, des visages, une injustice, qui pouvaient être l'amorce, au plus profond de lui, de cette émergence brutale des eaux de son corps, qu'il avait appris à canaliser, à guider vers la sortie de ces yeux...

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29 janvier 2011 6 29 /01 /janvier /2011 00:09

c'est ainsi, dans la solitude des soirs, aux jeunes corps endormis, réfugié dans la pièce à forger des textes, que la nuit monte en moi, me saisit la main, la guide, lui fait faire son jogging sur des claviers fatigués, et moi je regarde les mots se former à l'écran de mes nuits. ce n'est pas moi, mais le noir qui, tout autour de mon corps, tout autour de mon âme, me prend et me guide, m'inspire, me soulève, et, par un uppercut bien placé, me fait dégorger ma journée. une manière de la sortir, de cracher cette rationalité pour laquelle je suis payé, qui, du matin au soir, m'étrangle, m'etouffe, me fait tomber, ramper, regarder mon chef de tout en bas, pitié je veux respirer, pas ce rapport, pas ce client, pas ce fric à rentrer encore et toujours, mais comment, tu n'y crois pas ? alors quand de retour au bercail, sur les bords de route, dans ma voiture à toute vitesse, des malheureux dans le froid, sur le bord des trottoirs, à marcher si lentement, pour ne pas s'engourdir, pour être encore debout, et moi qui vais vite pour ne pas les voir, mais ils sont là, toujours au fond de moi, de mes yeux, et mes contrats qui me sautent à la gueule, et puis c'est eux maintenant qui me sautent dessus, sur mon âme, sur ma construction rationnelle, qui me disent que merde, tout ça ne sert à rien, que ce progrès vers lequel je fonce, il en laisse crever tout autour, il nous sert des bolides qui filent si vite pour ne pas voir les gars au bord de la route, si légers dans leur malheur du soir... alors j'ai garé la voiture, rangé mes textes, et me mis à marcher dans le froid, auprès des lents du soir...

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28 janvier 2011 5 28 /01 /janvier /2011 23:53

je me demande parfois. pourquoi. pourquoi tout. pourquoi tout ça autour de nous. et pourquoi moi. et pourquoi ce pourquoi. comme une injonction de mes pensées, comme si je ne devais pas admirer la question plutôt que chercher la réponse. c'est la question qui importe, qu'il faut observer, retourner. pourquoi cette question ? et pourquoi une interrogation tout simplement ? quel chemin nous amène à une question si vaste ? et pourquoi, si loin de moi, la même question qui se déploie dans sa tête à elle ? pourquoi ce miroir aux vieux livres ? et pourquoi d'autres pourquoi qui émergent dans la tête d'une petite fille, aux larmes faciles ? pourquoi ce pourquoi est il d'ailleurs source de larmes et non de joie ? n'est ce pas l'appel d'une quête ? un destin que d'y répondre ? nous regardions tout les deux les étoiles si hautes dans le ciel, si loin l'un de l'autre, si loin dans le temps. et tout autour de nos joues, l'eau nous rafraîchissait le visage, à nous sentir si petit, étoiles si perdues au milieu de la galaxie des autres, que parfois la question de notre présence se posait. pourquoi nous ? pourquoi nous qui nous posons ces pourquois ? alors pourquoi être né ? pour ces questions incessantes ? peut être est il des êtres dont le destin est de porter des questions, encore et toujours, éternellement, pour que d'autres n'en portent pas, pour qu'ils vivent, le regard sur la terre, mais non, jamais au ciel, car dangereux de regarder les étoiles trop longtemps, qui font naître des questions en jaillissement intérieur...

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28 janvier 2011 5 28 /01 /janvier /2011 23:35

l'appareil était là, à ses cotés. parfois envie de le prendre et de décrocher. composer le numéro pour la voix au bout. l'entendre à s'en rassasier. pas besoin de parler, juste écouter le son des syllabes, des intonations. rien à dire en fait. juste à se laisser bercer d'illusions et de ronronnements. et écouter une journée au loin se dérouler à son oreille. et j'ai fait ci, et ça. ne pas connaître, ne pas comprendre, mais c'est pas grave, car là voix est toujours la, un peu comme une berceuse, comme une caresse. et les chats tout autour qui sautent et courent, sortent parfois de l'appareil, s'agrippent à mon cou, puis repartent, par les petits trous de voix, au loin, rejoindre leur maîtresse qu'ils ne peuvent quitter. d'ailleurs interdit d'aller dehors, car danger, se perdre, et des voitures tout autour, si lourdes sur leurs corps si légers. alors on reste dedans, dans les bras, tout en protection. et puis un jour y aller, tout en exposition d'art, pour regarder ailleurs, pour ne pas se voir, car la voix disparaîtra, collée au visage inconnu, enfin incarnée dans un corps si présent. alors l'imagination s'envolera en migration lointaine...

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28 janvier 2011 5 28 /01 /janvier /2011 23:25

des pétales de roses sur son visage, et tout son corps. qui flottaient au dessus d'elle, les yeux fermés, et tout autour les hommes qui la regardaient, aux cheveux blancs. dans le grand silence du dernier départ, en trou noir des regards alentours, à absorber jusqu'au moindre son. et les ombres passaient autour d'elle, aussi transparentes que sa peau diaphane... et je me tenais au milieu, le regard sur elle, à la caresser de mes souvenirs, où, tout petit, des bonbons, des gateaux, et la joie des vacances, aux cris enfantins tout autour. et elle était là, au milieu, à préparer, à cuisiner, à s'affairer, à nous courir après. et nous, dans l'insouciance du moment, de la vie, toujours dans l'instant, à respirer à fond, sans savoir que le souffle un jour peut ne plus être, que les êtres autour en flamme s'élèveront... alors ils l'ont amené, sur son lit si dur, à fermer la porte devant nous, à nous demander de partir, à ne pas la suivre dans la chaleur des fours. et ils sont revenus, avec une petite urne noire, toute petite, et qui contenait mes souvenirs, mon enfance, réduits en cendre, en fine poussière. et je sentais en moi mon âme s'écrouler, un peu comme une banquise du temps qui fond à la chaleur du présent, aux cendres encore chaude. tant de vie dans une si petite boite. tant d'enfance, de cris, de joies, aujourd'hui enfermés dans du noir. et il fallait toucher la boite "pour un dernier adieu". mais j'avais pas envie, pas envie d'enfermer le passé sous terre, mon passé auprès de cette grand mère si forte qu'elle ne pouvait jamais mourir. alors elle me pris par le bras, tendrement, si légère que la poussière de ses doigts s'envolaient auprès de mes yeux. laisse moi aller, auprès de mon homme, qui a si froid sous cette terre. laisse moi le réchauffer aux souvenirs de vos vacances et de vos rires, loin de cette terre d'algérie que nous aimions tant. et lorsque l'urne disparue sous la terre, j'étais heureux de la savoir là, où elle souhaitait être depuis si longtemps, où les hommes ne se préoccupent plus de vous...

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